L’été dans les vignes
ÉDUCATION
juillet 25, 2018

L’été dans les vignes

Enfin, le ciel de Bordeaux prend des couleurs estivales et la pluie cesse d’inonder. Enfin, le bleu. Mais pour combien de temps encore ? 

En ce début d’été, les vignerons bordelais ont les yeux rivés sur la météo : « C’est simple, je regarde plus souvent mon application météorologique que Facebook », relate Paul-Arthur Bardet, des vignobles du même nom.  

Tous guettent le ciel, observent les vignes, quantifient le risque mildiou. « Avec les précipitations et la chaleur que l’on connaît, la pression mildiou est très forte », précise Virginie Aubrion du Château de Piote. Il faut alors agir en prévention. « En bio et biodynamie, on ne peut pas utiliser de traitement systémique donc on doit traiter au bon moment, avec du cuivre, du souffre et aussi beaucoup de tisanes… je pulvérise le tout dès que les précipitations dépassent les 30 mm. En ce moment, on le fait toutes les semaines, un travail harassant ».

Photo @gavinquinney

Paul-Arthur Bardet de son côté, préfère la bouillie bordelaise constituée également de cuivre, à petite dose. « On a déjà quelques vignes qui ont été touchées ». Mais le meilleur ennemi du mildiou reste le soleil, en espérant qu’il s’installe pour de bon dans le ciel bordelais. Et alors les vignerons pourront chasser loin le fantôme de la mauvaise récolte l’an passé, et se rassurer sur la qualité et la quantité de leur raisin. 

Voilà pour l’observation et la prévention. Restent les travaux des vignes avant les vendanges.

Photo @Chateaudauzac 

Les levages et relevages des rameaux se terminent. « C’est grâce à cette opération que les tiges de vigne sont bien droites, et qu’ainsi le soleil peut pénétrer jusqu’au raisin » explique Virginie Aubrion. Le tout est complété par une autre opération, celle du rognage : il s’agit alors de couper les jeunes pousses pour que la sève se concentre dans celles qui portent déjà des baies. 

Photo @chateausoutard

S’en suit le travail des sols. « Certes, les précipitations et la chaleur ont favorisé la  pousse des vignes et des raisins … mais pas uniquement : tout le reste a également très bien poussé ». Il faut alors redoubler d’énergie pour travailler les sols et éviter que l’herbe n’enveloppe trop vite les ceps de vigne. 

Photo @rocdecalon / Sébastien Giraud

Au domaine Bardet, le travail des sols s’effectue selon une technique bien particulière : « Au lieu de tondre, on roule avec un tracteur équipé de petites lames sur les zones d’enherbement,  maîtriser  la pousse de l’enherbement sans le détruire entre les vignes et donc de favoriser la biodiversité ». 

Mais avec l’humidité du sol et la chaleur, tout repousse très vite, le rognage et les autres opérations sont donc répétés à plusieurs reprises. 

Au Château de Piote c’est une équipe de 4 personnes qui travaille six heures par jour dans les vignes actuellement. « Mais après le 20 juillet, normalement, on sera plus tranquilles ». 

Photo @chateaubeauregard

Autre intervention qui interviendra début août pour la plupart des vignerons, celle de l’effeuillage « pour permettre aux grappes d’avoir un maximum de soleil ». L’effeuillage se fait soit des deux côtés de la vigne, soit du côté du soleil levant afin que les baies puissent se gorger de soleil. « Et après on se repose un peu … jusqu’aux vendanges ! »

Photo @gavinquinney

Que ce soit le gel l’an passé ou la pression mildiou cet été, chaque année réserve donc son lot de stress pour les vignerons. « Mais on sait pourquoi on a signé en faisant ce métier, on est dépendants de la nature … on est juste ses locataires », conclut Paul-Arthur Bardet, dans un sourire plein d’optimisme. 

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