Les animaux de la vigne: une viticulture qui renoue avec la nature
ÉDUCATION
mars 8, 2017

Les animaux de la vigne: une viticulture qui renoue avec la nature

Il y a encore quelques années, nos amis les bêtes n’étaient pas vraiment les bienvenus à proximité des espaces agricoles, et a fortiori, des vignobles. Suspectée d’abîmer les ceps et les grappes et d’être porteuse de maladies, la faune locale a été volontairement éloignée du paysage viticole. Aujourd’hui, à l’heure du développement durable, les initiatives se multiplient en faveur du retour des animaux dans la vigne au nom de la biodiversité.

Loin d’être son pire ennemi, le milieu naturel se révèle, en effet, un véritable atout pour la culture vinicole. Outre le cheval de trait utilisé traditionnellement pour le labour et le travail de la terre, poules, moutons et oiseaux réinvestissent les parcelles.

Les propriétés bordelaises, engagées dans une démarche d’agriculture raisonnée et respectueuse de l’environnement, sont de plus en plus nombreuses à faire appel aux espèces animales qui contribuent à la bonne santé de la vigne et, par conséquent, à la qualité du produit final…

 

L’importance du biotope au sein du vignoble girondin

Préserver l’écosystème naturel en maintenant une flore et une faune diversifiées au cœur de la vigne est l’une des priorités majeures des viticulteurs bordelais. En augmentant la biodiversité végétale et animale dans les sols, aux abords des vignobles ou au sein de ceux-ci, l’activité viticole valorise la richesse du terroir. Grâce à un enherbement majoritaire des parcelles et à la mise en place de micro-habitats spécifiques (plantation de haies, talus, fossés, arbres et arbustes), la faune sauvage a fait sa réapparition. Les parcelles enherbées et la végétation alentour sont autant de refuges pour les différentes espèces animales qui contribuent à réguler les populations de ravageurs, véritable fléau pour la vigne. Ces éléments paysagers offrent ainsi un gîte idéal aux oiseaux insectivores tels que l’alouette lulu, le rouge-gorge, le troglodyte ou la huppe fasciée. L’aménagement et la préservation du milieu naturel attirent également une grande variété d’araignées et d’insectes, non spécifiques de la vigne, qui, eux aussi, jouent un rôle de régulateur en favorisant la diversité du biotope, empêchant ainsi qu’une seule espèce devienne majoritaire.

Crédit photo: Château Beauregard

De la ferme à la vigne

Outre la sauvegarde d’un environnement naturel propice à l’installation d’une faune sauvage diversifiée, certains vignerons n’hésitent pas à inviter les animaux de la ferme sur leurs terres, en installant, par exemple, un poulailler à proximité des vignes.

Pour combattre les mauvaises herbes, rien de plus efficace, en effet, que les poules. En plus de leur mission de désherbage, elles remplacent aisément les produits traditionnels : en grattant la terre au pied des ceps, les poules se nourrissent, en effet, d’insectes, de chenilles et de vers susceptibles de détériorer les bourgeons au printemps.

Au Château Tour du Pas Saint-Georges à Saint-Émilion, ce sont les moutons qui ont la délicate tâche de désherber sous les rangs. Enfin, la fiente de poule et les déjections des moutons font une excellente fumure nécessaire à la fertilisation de la vigne.

Crédit photo: Château Grand Launay

 

Le cheval en lieu et place du tracteur

La traction animale séduit de plus en plus de vignerons soucieux de préserver la pérennité de leur vignoble. Véritable alternative au tracteur, le cheval de trait a pour principal avantage d’éviter le tassement des sols qui, à la longue, entraîne une mauvaise irrigation de la vigne. Les vibrations répétées des roues des engins créent, en effet, un phénomène de compaction empêchant l’eau de s’infiltrer dans les sols pour constituer des réserves. Le retour à la traction équine, bien loin d’être un effet de mode ou l’expression d’une nostalgie, répond à un réel besoin agronomique et s’inscrit dans une démarche écologique étant donné que le cheval n’émet aucun CO2, permet de se passer de tracteur, grand consommateur en carburant, et de limiter le recours aux désherbants chimiques.

Le labour à l’ancienne permet de réaliser un travail plus délicat, plus précis et plus respectueux de la terre. À Pauillac, le Château Latour l’a bien compris en installant une écurie sur son domaine. Le Château Pape Clément s’est également converti à cette pratique avant de travailler également avec des bœufs moins lourds que les montures. Privilégiant une viticulture biologique et biodynamique, le Château Le Puy en AOC Côtes de Francs à Saint-Cibard est l’un des premiers à avoir réhabilité ce savoir-faire ancestral.

Le Château Smith Haut Lafitte en AOC Pessac-Léognan, le Château Pontet-Canet à Pauillac, le Château La Lagune en Haut-Médoc, le Château L’Escart en AOC Bordeaux, le Château Belle Brise à Pomerol, le Château Rauzan-Ségla à Margaux…. autant de propriétés bordelaises qui prônent, elles aussi, le retour au labour à cheval. Un premier pas vers une viticulture durable, nécessaire à la préservation et la mise en valeur du terroir de Bordeaux.

Crédit photo : Château Bardins

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